C’est une danse de variations infimes. Un...

lundi 29 janvier 2018, par par Marie Pons

C’est une danse de variations infimes. Un accompagnement du creux du coude, une main posée sur la poitrine, un bras qui longe la nuque comme une flèche soudainement décochée. Un tissu moiré qui scintille, le bleuté qui se lève comme une aube. Sororité. Une danse si difficile à suivre que l’attention se perd dans l’obscurité à mesure que le duo s’y enfonce.

A 10cm près on n’y voit plus rien, et dans le silence froid de la salle de la COOP on se met à porter attention au public, aux inconnus, aux corps d’à côté. A la distance entre notre coude et celui du voisin, aux inclinaisons des têtes de devant, baissées, tournées, prises entre les mains, au filet de lumière blanche qui ceint le velouté des joues en clair-obscur, à la dame qui se balance sur un rythme inaudible sur la gauche. La distance entre elles et nous est si grande que l’on accueille leur effacement en se disant que ce n’est plus ce qu’il se passe sur le plateau qui importe mais le vide laissé là, dans le silence qui enveloppe notre inconfort.

C’est l’histoire d’une disparition, de la soustraction lente de deux présences qui à un moment décident d’apparaître tout à fait devant nous.
Je repense à Ondine Cloez, qui dit que le trajet de sa pièce Vacances Vacance est d’arriver à disparaître, à s’absenter de son corps tout en étant là. Avec Adaline Anobile et Julie Gouju la disparition et la présence sont orchestrées depuis l’aveuglement lumineux jusqu’à la nuit colorée. On peut recevoir le tout comme une douche froide où les 10cms deviennent un fossé infranchissable. Ou prendre le temps qu’on nous impose pour se couler dans leurs variations lumineuses et sonores si on en a la patience, la disponibilité, l’envie.

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