Elle (re)tient

mercredi 31 janvier 2018, par par Didier Motti

Olga de Soto commence par évoquer un ami absent, au moyen de l’incorporation d’une danse écrite pour lui. Voilà, le propos est posé : il est question d’utiliser son corps pour donner à voir, donner à entendre la mémoire.

Le contexte de « la table verte » : un bébé, un projet, deux chemins.
Les deux chemins parcourus, un autre bébé arrivé, elle nous emmène dans un troisième chemin : il ne s’agit plus de la pièce ni de la mémoire qu’en a conservé le monde - les corps en mouvement ouvraient les chemins de paroles possibles - mais des traces ou des empreinte générées par et en Olga de Soto au cours du processus de recherche.
Et ces traces sont marquées par une certaine permanence au travers des années et des continents : l’oppression, la violence, l’exil…

Olga de Soto déambule dans les circonvolutions d’un cerveau déroulées sur le plateau. En remontant le fil de sa pensée, elle explore la mémoire corporelle à la recherche des traces laissées par les autres, des trous aussi laissés par les autres. Tous ceux qu’elle a interrogé pour ses projets précédents sur – ou plutôt autour de – La chambre verte de Kurt Joos.

Les mains d’Olga parlent autant que ses mots. A l’acmé, les voix des témoignages se superposent, spatialisées, les langues se mélangent avec la traduction et la contextualisation de l’interprète, soulignées par ses mains, son corps, le déplacement de son corps – et à la fin ne reste que la danse.

« Sous les paupières, je n’ai pas trouvé le souvenir du geste ».
« Les aveugles cherchent toujours l’horizon ».
Pour Olga de Soto aussi on peut se demander si l’aveuglement ça aide !

La danse est finie. La voix s’est arrêtée. Le corps disparaît. Ne reste plus que le temps qui s’égrène hors du sablier.