Mamie Magie

Dans la continuité de sa précédente pièce Eperlecques, Lucien Fradin prolonge le questionnement sur sa construction personnelle vis-à-vis du genre et de la société dans sa nouvelle création Mamie magie.

Après avoir évoqué son initiation à la sexualité en tant que jeune adolescent homosexuel dans la campagne du Pas-de-Calais, Lucien Fradin franchit une étape dans l’autofiction avec cette seconde mise en scène et fait directement témoigner un membre de sa propre famille sur les planches, sa grand-mère Josiane. Il fait ainsi écho aux mises en scène de Jonathan Capdevielle, qui se base sur son vécu d’homme homosexuel en milieu rural et intègre ses véritables amis d’enfance en tant que comédiens à ses côtés.

Lucien Fradin questionne ici le rapport à la croyance. Il confronte deux visions radicalement opposées du catholicisme vis-à-vis de sa propre homosexualité. D’un côté, l’ultra violence des catholiques intégristes défilant contre le mariage pour tous et de l’autre la présence bienveillante et remplie d’amour de sa grand-mère, priant pour le bonheur de ses proches, inspirée par des pratiques païennes. Le dispositif prend la forme d’une conférence-spectacle (également présente dans son précédent travail) jouant sur le décalage entre la mise en perspective de sa propre histoire et des moments de jeu qui laissent place à ses émotions. La perceptible sincérité des sentiments qui lient Lucien et sa grand-mère permet d’établir avec le public un fort sentiment empathique. Si Lucien Fradin se fait narrateur omniscient, sa grand mère Josiane se fait messagère de l’indicible.