Invitation au Palais de la danse

samedi 3 février 2018, par par Pascale Logié

S’il est une chorégraphe dont le réfléchi est le maître mot, Mylène Benoit en est la parfaite incarnation. Son parcours de plasticienne et vidéaste numérique au Fresnoy s’exprime au travers de pièces sophistiquées à l’esthétique sensorielle raffinée.

Dans ce dernier opus, suite à l’Aveuglement, elle nous convie à partager en compagnie de Célia Gondol ( fidèle partenaire de la Compagnie Contour Progressif ) un voyage au cœur de la maladresse.

Une invitation à la célébration d’un rituel dans le pavillon du thé dansant. Souvenir de retour de voyage au pays du soleil levant. Le public est convié à prendre place sur de petits coussins en périmètre du plateau immaculé.

Les premiers hôtes sont déjà installés sur une petite estrade : Nicolas Devos et Pénélope Michel (Puce moment/ Cercueil) assis en tailleur face aux claviers de leurs instruments.

La maîtresse de maison pénètre dans l’enceinte du logis, vêtue d’une discrète blouse blanche légèrement transparente. Elle prend le temps de nous saluer sobrement par un doux regard puis de s’adresser à quelques-uns d’entre nous. Hôtes privilégiés à la cérémonie, introduction à La voie du Thé, art de vivre japonais. De la voie à la voix, en toute sérénité Célia offre aux privilégiés quelques chants profonds. Moment rare de communion partagée, symbiose, osmose ; le public est conquis.

Célia, éblouissante interprète nous livre avec charisme une déclinaison de dyskinésie du mouvement. Une poétique du déséquilibre se développe dans une suite de déplacements souples et fluides. Peu à peu une danse brute se risque au fur et à mesure que la lumière s’estompe et que la musique s’amplifie et s’assourdit.

L’ombre de son ombre s’efface, la tête oscille, part en vrille, elle nous quitte. Puis pénètre dans une forêt invisible écartant les feuillages pour se frayer un chemin et disparaît.

Silence , lumière blanche. Plateau immaculé.

Applaudissements ! "Oh" dit ma voisine éblouie « Toute cette neige ! »