Ondine Cloez - Danser ou être dansée ?

vendredi 26 janvier 2018, par par Sarah Elghazi

Vider des endroits de soi-même pour en remplir d’autres, temporairement, c’est ça la vacance. Et quand on le fait plusieurs fois et/ou sur plusieurs jours, ça devient les vacances.

Ondine a vidé tout l’espace autour d’elle pour atteindre avec nous ces congés de l’esprit. L’accompagnent trois cailloux (dans la bouche) et un bout de miroir (dans la main). Son corps devient objet d’analyse et de recherche, de souvenirs et d’autofiction, d’équilibres instables et de déséquilibres féconds.

Comment atteindre cet état de façon permanente ? On peut se dédoubler ou juste assumer d’avoir un corps qui ne concorde pas, plus rapide que soi ou trop lent. Alors, la maladresse, le bégaiement, les hésitations multiples, les mouvements pas finis, ce serait en fait le summum de l’anticipation du corps, de sa résilience, de sa force ?

Hymne à tous ceux toutes celles qui trébuchent.

Ondine est grave. La gravité va bien avec la grâce, et étonnamment ça va bien aussi avec le short rose et le t-shirt hawaïen. La couette haut perchée est piquée à Nadia Comaneci, dont l’attitude nirvanesque fait rêver Ondine : être parfaite et s’en foutre. Peut-être que c’est ça la clé pour atteindre l’état de grâce ?

La grâce tiens, posons-nous une colle : ce serait plutôt être dépassé-e par son corps ou plutôt le dépasser ? Ce serait traverser ou plutôt être traversé.e par le visible et le reste ?

« On est là pour créer des souvenirs, peut-être », et puis aussi des arcs-en-ciel, des phrases chuchotées, des hypothèses murmurées sur cette si grande chose que peut être un petit geste. Ondine laisse de la place et de l’écho au silence, à l’absence, aux absent.e.s, et de l’ampleur à l’intime.

C’est fou la puissance qui peut se nicher dans une moue boudeuse, une couette haut perchée et un short rose.