La fête sabotée

dimanche 4 février 2018, par par Eliott Pradot

La fête bat son vide et du pied l’écho de la scène vaste. Répondant à l’appel gargarisé du premier, le plus grandiloquent, les autres danseurs se faufilent des flancs de la salle à la scène. Épars et parcourant la terre battue en solitaires silencieux, ils s’observent de long en large : savoir qui veut tenir la piste de danse envers et contre tout, comme plus tard, en fin de soirée, les pieds encore vibrants disent le refus de certains à voir ainsi le festival se clore et qu’alors le hall du Vivat se met à danser. Ici les six danseurs y croient, mais il semblerait que la fête c’est comme une mousse au chocolat – oui, il est vrai que l’année dernière j’avais aussi usé de la métaphore de la cuisine, pardonnez ma gloutonnerie – on a beau avoir suivi la recette, elle « prend », ou pas...

Il a le t-shirt vert. Tandis que les autres assènent des talons et tressent des farandoles, il paraît toujours un peu en retrait, incrédule. Il n’entre pas dans le jeu, dans la ronde, du moins pas vraiment. L’agitation autour de lui l’abrutit, la bouche béate. Il titube, hébété, force ses rires d’un « trop » qu’il accompagne d’un regard timide et confus : il m’intrigue, je m’y reconnais. Il stagne au bord de cet endroit où la fête ne « prend » pas, au point de rupture d’avec l’engagement frénétique des autres...
La fête bat son vide et lui, il la sabote modestement.